- lèvre
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1 ♦ Anat. Chacune des régions qui bordent la bouche intérieurement et extérieurement, limitées en haut par le nez (lèvre supérieure), en bas par le sillon mentonnier (lèvre inférieure)(⇒ labial). Angle des lèvres. ⇒ commissure. « la lèvre grisonnante et poilue » (Colette). — Fissure de la lèvre supérieure (⇒ bec-de-lièvre) . — (Mammifères) Lèvres du cheval, du chien. ⇒ babines.2 ♦ Cour. Chacune des deux parties charnues, glabres, ordinairement roses, qui bordent extérieurement la bouche et s'amincissent pour se joindre aux commissures. Les lèvres. ⇒ bouche. Lèvres charnues, épaisses. Lèvre proéminente. ⇒ lippe; lippu. Lèvres minces, rentrées. Se mettre du rouge à lèvres. « ses lèvres peintes, rouges comme une plaie » (Maupassant). Lèvres gercées.♢ Loc. Avoir le sourire aux lèvres, au coin des lèvres. Pincer les lèvres. Se mordre les lèvres de rage, pour s'empêcher de rire, etc. Fig. S'en mordre les lèvres : se repentir de ce qu'on a dit. — Tremper ses lèvres (dans une boisson). Manger du bout des lèvres, sans appétit, avec dégoût. Se lécher les lèvres. ⇒ babines, fam. badigoinces. PROV. Il y a loin de la coupe aux lèvres. — Embrasser sur les lèvres. — Avoir le cœur au bord des lèvres, sur les lèvres : avoir des nausées; fig. dire toute sa pensée, être franc. — Mot qu'on a sur les lèvres, sur le bord des lèvres, qu'on est prêt à prononcer. « les mots s'arrêtaient sur ses lèvres » (F. Mauriac). Une question qui brûle les lèvres, qu'on a envie de poser. Être suspendu aux lèvres de qqn, l'écouter avec une grande attention. Des lèvres : en paroles seulement. Il le dit des lèvres, mais le cœur n'y est pas. Ne pas desserrer les lèvres : garder le silence. Rire, parler, répondre, approuver du bout des lèvres, de façon peu franche, avec réticence. Être sur toutes les lèvres : être le sujet de toutes les conversations.II ♦ Par anal. de forme1 ♦ (1300) Au plur. Bords saillants d'une plaie. Rapprocher les lèvres d'une plaie.2 ♦ (1680) Repli charnu de la vulve. Grandes lèvres, extérieures. Petites lèvres, intérieures et rejoignant le clitoris dans leur partie supérieure. ⇒ nymphe.3 ♦ Zool. ⇒ labium, labre.4 ♦ Chaque lobe de la corolle des plantes labiées.♢ Lèvres d'un coquillage : les deux bords d'une coquille univalve.5 ♦ Mus. Chacun des bords aplatis à la bouche d'un tuyau d'orgue.6 ♦ Géogr. Chacun des bords d'une faille, situés à des hauteurs différentes. Lèvre soulevée, lèvre abaissée.Synonymes :- babines (familier)- badigoinces (populaire)- lippelèvren. f.rI./rd1./d Chacune des parties charnues qui forment le rebord de la bouche. Lèvre supérieure. Lèvre inférieure.d2./d Loc. fig. Du bout des lèvres: à contrecoeur, sans conviction.|| S'en mordre les lèvres, regretter une chose qu'on a faite, qu'on a dite.|| être suspendu aux lèvres de qqn, l'écouter avidement.|| Il y a loin de la coupe aux lèvres: on est souvent loin du but qu'on croit toucher.rII./r Par anal.d1./d CHIR Les lèvres d'une plaie, ses bords.d2./d ANAT Replis cutanés de la vulve. Grandes lèvres, petites lèvres.d3./d BOT Grand pétale inférieur de certaines fleurs zygomorphes (labiées, scrofulariacées, etc.).⇒LÈVRE, subst. fém.A. — 1. [Chez l'homme]a) Gén. au plur. Partie(s) charnue(s) et colorée(s), au nombre de deux, formant extérieurement le contour de la bouche. Porter qqc. à ses lèvres; tremper ses lèvres dans qqc.; avoir qqc. aux lèvres, entre les lèvres, au coin des lèvres; embrasser qqn sur les lèvres; remuer les lèvres. Nana tendit les lèvres, il y prit un long baiser, qui le consola de toute sa journée d'angoisse (ZOLA, Nana, 1880, p. 1450). Ses lèvres étaient plus étroites qu'un trait de pinceau (VILLIERS DE L'I.-A., Contes cruels, 1883, p. 128) :• 1. Tes lèvres sont des fleurs délicates où est tombé le sang d'une biche. — Mes lèvres sont les bords d'une blessure brûlante. — Ta langue est le poignard sanglant qui a fait la blessure de ta bouche. — Ma langue est incrustée de pierres précieuses. Elle est rouge de mirer mes lèvres.
, Aphrodite, 1896, p. 22.
♦ Lèvre inférieure, lèvre supérieure. On remarque la lèvre supérieure qui gonfle et avance sur la lèvre inférieure (COCTEAU, Enf. terr., 1929, p. 42).♦ (Bouche, visage) sans lèvre(s). (Bouche, visage) aux lèvres extrêmement fines. Autour des verts tapis des visages sans lèvre, Des lèvres sans couleur, des visages sans dent (BAUDEL., Fl. du Mal, 1857-67, p. 166). Le curé (...) souriait de sa bouche sans lèvres et comme cousue (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 210).— Locutions♦ Il y a loin de la coupe aux lèvres.♦ Ne connaître qqn ni des lèvres ni des dents (fam.). Ne pas connaître du tout. Ça m'paraît toujours rigolo d'êt' forcé d'saluer des cul-terreux que je connais ni des lèvres ni des dents, comme dit ma concierge (P. VAILLANT-COUTURIER ds REY-CHANTR. Expr. 1979).Rem. Cette loc. est une var. com., avec une connotation érotique, de la loc. ne connaître ni d'Ève ni d'Adam.SYNT. a) Lèvres rouges, roses, vermeilles; lèvres blanches, bleues, décolorées, pâles, violettes; lèvres de carmin, de corail, de rose; lèvres épaisses, charnues, fines, gonflées, minces, molles, pendantes, rentrées; lèvres brillantes, desséchées, flétries, fraîches, gercées, humides, mouillées, sèches; grosses lèvres; lèvres maquillées, peintes. b) Coin, commissure, pli des lèvres. c) Coller, poser, presser ses lèvres sur qqc.; presser qqc. sur ses lèvres; prendre un baiser sur les lèvres de qqn; dérober ses lèvres au baiser de qqn; embrasser qqn à pleines lèvres.b) P. méton. Région entourant extérieurement la bouche, de la base du nez au sillon du menton (généralement en parlant de la partie supérieure). Lèvre duvetée, rasée. Je vis la tête, la lèvre grisonnantes de mon père (COLETTE, Sido, 1929, p. 107). Elle était pâle, Serge voyait (...) le rouge qui avait débordé sur le duvet de sa lèvre (NIZAN, Conspir., 1938, p. 214).♦ Lèvre inférieure, lèvre supérieure. Comme il est doux d'arracher brutalement de son lit un enfant qui n'a rien encore sur la lèvre supérieure (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 128).c) ANAT., au plur. ,,Replis musculo-membraneux situés à la partie antérieure de la bouche et limitant en avant la cavité vestibulaire`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Face interne des lèvres. La bouche (...) est limitée en avant par les lèvres, latéralement par les joues. (P. RUDAUX, Anat., physiol., pathol. élém., Paris, Masson, 1962, p. 444).— PHONÉT. Ces replis intervenant dans la phonation soit au titre d'articulation principale (articulation labiale) soit au titre d'articulation secondaire (articulation labialisée). C'est l'intervention des lèvres, à la fois organe articulateur et lieu d'articulation, qui fournit le critère essentiel de classification des consonnes labiales (MOUNIN 1974).2. [Chez l'animal]a) Gén. au plur. Partie(s) charnue(s), au nombre de deux, formant extérieurement le contour de la bouche ou de la gueule. Lèvres d'un chien, d'un cheval. Le chat se roulait sur mes genoux, (...) montrant sous ses lèvres ses crocs pointus (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Chats, 1886, p. 1059).b) ZOOL., au plur. Replis musculo-membraneux entourant l'orifice buccal chez les Vertébrés. Les lèvres sont présentes chez tous les Vertébrés, sauf ceux munis d'un bec corné; immobiles chez les non-mammaliens, elles se mobilisent chez les Mammifères grâce à l'intrusion dans le plan sous-cutané des fibres musculaires originaires de l'arc hyoïdien (Zool., t. 3, 1972, p. 854 [Encyclop. de la Pléiade]). Les Poissons suceurs se rencontrent parmi ceux qui vivent sur les fonds; la bouche est transformée en organe de succion (Esturgeon) avec des lèvres très développées (Zool., t. 3, 1972, p. 1091 [Encyclop. de la Pléiade]).— P. anal. Pièces externes chitinisées, placées autour de l'orifice buccal chez les Arthropodes. Synon. labre2, labium. Enfin les Insectes présentent (...) une paire de maxilles soudées de manière à constituer une lèvre inférieure (E. PERRIER, Zool., t. 1, 1893, p. 868). V. labium et labre2 ex. de zool., t. 2, 1963, p. 492 [Encyclop. de la Pléiade].3. P. anal., ANAT., ZOOL. ,,Relief allongé à deux versants qui borde un orifice ou une gouttière`` (Méd. Biol. t. 2 1971). La lèvre externe de la ligne âpre [du fémur] s'étend de la crête horizontale du grand trochanter au condyle externe (G. GÉRARD, Anat. hum., 1912, p. 180). À l'état de repos, grâce à leur élasticité, les lèvres anales se touchent et oblitèrent l'orifice (BOUASSE, Instrum. à vent, 1930, p. 183).— En partic.a) Repli cutané qui borde de chaque côté le vestibule de la vulve. Grandes lèvres; petites lèvres. Chez la jument, l'éruption, précédée par quelques symptômes généraux, est annoncée par la tuméfaction des lèvres de la vulve (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p. 361) :• 2. Le capuchon, qui recouvre la tige du clitoris, est relié aux petites lèvres situées de part et d'autre du clitoris, et qui entourent l'ouverture vaginale. Durant l'excitation sexuelle les petites lèvres se gonflent grâce à leurs tissus érectiles.Notre corps, nous-mêmes, Paris, Albin Michel, 1977, p. 22.b) Bord d'une plaie ou d'une incision chirurgicale. On rapproche modérément les lèvres de la plaie à l'aide de quelques bandelettes agglutinatives, et on panse simplement jusqu'à la guérison complète (NÉLATON, Pathol. chir., t. 1, 1844, p. 233).c) Lèvre antérieure (vieilli), dorsale du blastopore. Bord supérieur de l'encoche du blastopore où s'invagine par enroulement le territoire de la corde pendant la gastrulation de l'embryon amphibien. La lèvre antérieure du blastopore possède donc la propriété étonnante d'organiser des tissus banaux en un complexe d'organes hautement différenciés (CAULLERY, Embryol., 1942, p. 60).B. — 1. [Les lèvres en tant que siège de mimiques expressives, signe (par leurs formes ou leurs mouvements) révélateur d'un caractère, d'un état physique ou affectif] Le sourire réside sur les lèvres; mais le rire a son siège et sa bonne grâce sur les dents (JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 145). Ces figures crispées par le succès d'autrui, ces lèvres boudeuses, rebelles au compliment et faciles à l'épigramme (BALZAC, Lys, 1836, p. 56). Un dégoût crispe sa lèvre (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 291) :• 3. ... il repartit, avec une furie nouvelle, jetant un chiffre de la main à chaque enchérisseur, surprenant les moindres signes, les doigts levés, les haussements de sourcils, les avancements de lèvres, les clignements d'yeux...ZOLA, Ventre Paris, 1873, p. 701.— [Le mouvement effectué sur les lèvres est symbolique d'une réaction, d'un état affectif]♦ Se lécher, se pourlécher les lèvres; passer sa langue sur les lèvres (en signe de gourmandise, de plaisir pris à manger). S'il leur arrive de promener la langue sur leurs lèvres vernissées, l'auteur des mets en consommation en acquiert une gloire immortelle (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 307). La coutume qu'ont les Havasupaï de se pourlécher les lèvres pour marquer le plaisir qu'ils prennent à un repas (LOWIE, Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p. 301).Au fig. Se réjouir à l'idée de la satisfaction que l'on tirera de quelque chose. C'était une vengeance d'écolier et de sauvage dont il se léchait d'avance les lèvres (FRANCE, Chat maigre, 1879, p. 224). À la seule pensée des cabochons de ses oreilles, il se passait la langue sur les lèvres (JOUVE, Scène capit., 1935, p. 36).♦ Se mordre la lèvre, les lèvres (pour ne pas exprimer un affect intense, une réaction émotive ou parce que l'on regrette ce que l'on vient de dire). Se mordre les lèvres de colère, de dépit, de désir, de rage; se mordre les lèvres pour ne pas crier. Nous restions sans mot dire. Elle sentit notre gêne et s'arrêta, se mordit la lèvre, baissa la tête (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 232). Fontanet le regardait avec le mauvais sérieux de son museau de renard; je me mordais les lèvres; tout à coup j'éclatai de rire (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 295).Au fig. Regretter ce qu'on a dit ou fait, s'en repentir, en être dépité. Synon. se mordre la langue, les doigts. Haudouin prit l'avantage en criant le premier : — Vive la France! — Vive l'Alsace-Lorraine! riposta Maloret. Et Haudouin se mordit les lèvres de n'y avoir pas pensé (AYMÉ, Jument, 1933, p. 217).♦ Pincer les lèvres (en signe de dégoût, de dépit, de réprobation). Je lui ai coupé le compliment sous le pied et il pince les lèvres, vexé (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 201). Il cessa tout net de parler et pinça les lèvres d'un air irrité (SARTRE, Nausée, 1938, p. 206).— Loc. verb.♦ (Avoir) le cœur sur les lèvres, au bord des lèvres. Être près de vomir, être pris de dégoût. Je sens, depuis le début de cette affaire, le dégoût m'envahir. J'ai le cœur sur les lèvres (VERCEL, Cap. Conan, 1934, p. 178).♦ (Avoir) la mort, l'âme sur les lèvres (vieilli). ,,Être près de mourir, avoir l'expression d'un mourant`` (Ac. 1798-1878; dict. XIXe et XXe s.).— Loc. adv. (Manger, boire) du bout des lèvres. (Manger, boire) sans appétit, avec réticence. Les convives, tous gens de bon appétit, ou ne mangeaient pas, ou ne mangeaient que du bout des lèvres (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 333). Nous n'avons mangé que du bout des lèvres (...). Voyez-vous, on est toujours plus sensible qu'on ne croit à la mort des autres (BECQUE, Corbeaux, 1882, III, 5, p. 175).SYNT. a) Lèvres ardentes, arides, brûlantes, dédaigneuses, gourmandes, moqueuses, rieuses; lèvres contractées, entrouvertes, frémissantes, tremblantes. b) Grimace, moue, pincement, sourire des lèvres; un sourire, un hoquet monte aux lèvres; un sourire passe sur les lèvres de qqn.2. [Les lèvres en tant que siège ou organe de la parole énoncée] Lèvre bavarde, indiscrète, muette. Trouver sur les lèvres d'un honnête homme ce qu'on a soi-même dans le cœur, c'est le plus grand des bonheurs qu'on puisse désirer (MUSSET, Lorenzaccio, 1834, II, 2, p. 128). Les mains, l'une après l'autre, disaient ce que souvent les lèvres n'osaient pas formuler (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 134) :• 4. Je (...) ne craignais point d'aborder l'épopée napoléonienne que je recueillais sur les lèvres des survivants de la grande époque...FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 78.a) [Le mouvement effectué avec les lèvres est symbolique d'une attitude langagière]♦ Mettre, poser un doigt sur ses lèvres (pour demander le silence à qqn ou pour signaler silencieusement que l'on ne veut ou ne peut pas parler). Elle leur dit : — Restez, chers anges! et mit son doigt sur ses lèvres. Ils obéirent (BALZAC, Lys, 1836, p. 48). Elle mit un doigt sur ses lèvres. — Chut! fit-elle avec un sourire (THEURIET, Mariage Gérard, 1875, p. 110).♦ Desserrer, ouvrir les lèvres (pour parler avec réticence). Synon. desserrer les dents, ouvrir la bouche. Comme elle faisait un paquet de linge sale jeté dans un coin, derrière la malle, il ouvrit enfin les lèvres, il demanda : — Qu'est-ce que tu fais?... Où vas-tu? (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 383). Au poulet rôti, une figure solennelle, la statue du commandeur en frac, entre dans la salle à manger. G. M. ne desserre pas les lèvres; il croit qu'il ne se sent pas très bien (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 228).b) Loc. verb.) [Le suj. désigne une pers.]
♦ (Avoir) qqc. aux lèvres. Dire, exprimer volontiers ou fréquemment. L'envie au foie et l'ironie aux lèvres; Et leur sourire est las comme un feu qui s'éteint (SAMAIN, Chariot, 1900, p. 192). [Il] s'en allait avec entrain, le visage agité d'effroyables grimaces et toujours le mot drôle aux lèvres (AMBRIÈRE, Gdes vac., 1946, p. 360).(Avoir) (le rire aux dents et) la chanson aux lèvres. Le fort vit défiler des troupes, le rire aux dents, la chanson aux lèvres (BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p. 11).(Avoir) le cœur sur les lèvres. ,,Être franc, sincère`` (Ac. 1798-1935; dict. XIXe et XXe s.).♦ Avoir sur les lèvres, sur le bout, le bord des lèvres.Ne pas pouvoir dire (par suite d'un trou de mémoire). Synon. avoir sur le bout de la langue. Attends, petit, j'ai son nom sur les lèvres..., Terra..., Terra..., marquis de Terranova..., de Terrasecca, ... rossa, ... puzzosa, non, ce n'est pas cela, cela ne me revient pas (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 149).Ne pas oser dire. Elle me regarda deux ou trois fois, avec une question sur le bord des lèvres qu'elle n'osa pas formuler (BOURGET, Disciple, 1889, p. 127).♦ Lire sur les lèvres. Deviner les propos de quelqu'un au vu du seul mouvement des lèvres, sans percevoir le son. Au fig. Deviner (un mot, un sentiment) bien qu'il ne soit pas explicitement prononcé ou exprimé. Lorsqu'il vit l'émotion de Christophe, lorsqu'il lut sur ses lèvres le nom qu'ils pensaient tous deux : « Olivier!... » (...) il se jeta dans les bras qui lui étaient tendus (ROLLAND, J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p. 1486). Ce n'est point le désir qu'elle a lu sur mes lèvres, c'est la reconnaissance (CLAUDEL, Soulier, 1944, 1re part., 1re journée, 7, p. 967).♦ Être suspendu aux lèvres de qqn. Écouter avec une attention passionnée. Ici l'orateur, interrompant son récit, eut le geste d'un tribun novice qui craint ou d'en avoir trop dit ou d'en dire trop! On restait, quoiqu'il ne parlât plus, suspendu à ses lèvres (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 136).P. ext. Dépendre des paroles, de la décision de quelqu'un. Elle me vit debout, les yeux sur elle, attendant qu'elle parlât; toutes les forces de ma vie étaient suspendues à ses lèvres (MUSSET, Confess. enf. s., 1836, p. 195).♦ Se mordre les lèvres. Synon. de se mordre la langue (v. ce mot I B 1 a).) [Le suj. désigne une production langagière]
♦ Monter, venir (ou un verbe appartenant au même parad.) aux lèvres. Être sur le point d'être exprimé, venir à l'expression. Un torrent d'injures bouillonnantes monta droit à mes lèvres, tandis que la bile extravasée débordait en écume jaune jusque dans le blanc de mes yeux (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 234) :• 5. Aux premières phrases de sa sortie, quelques paroles du Christ me remontèrent du cœur aux lèvres, que je retins pourtant, car il me paraît toujours malséant d'abriter ma conduite derrière l'autorité du livre saint.GIDE, Symph. pastor., 1919, p. 882.♦ Brûler les lèvres. Je retiens un formidable « merde » qui me brûle les lèvres (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 197).♦ S'arrêter, mourir, rester (ou un verbe appartenant au même parad.) sur les lèvres. Être contenu, ne pas être prononcé, exprimé. Je sentais le langage de la feinte mourir sur mes lèvres... Je voulais séduire, et j'étais séduit (LEMERCIER, Pinto, 1800, II, 12, p. 69). L'exclamation attendue resta sur ses lèvres; il rougit, détourna les yeux, et se tut (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 96).♦ Sortir des lèvres; franchir, passer les lèvres; passer sur les lèvres. Être prononcé, exprimé. Les femmes sentent-elles vraiment que telle ou telle parole passe sur les lèvres sans sortir du cœur? (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 618). Je crus qu'il allait nous encourager à la révolte. Mais pas un mot ne franchit ses lèvres. Sa bouche se ferma, et encore une fois ses yeux (VERCORS, Silence mer, 1942, p. 76).Couler, tomber des lèvres (littér.). Ses yeux s'ouvrent, ses mains se déploient, et ces mots tombent de ses lèvres : « Celui qui règne dans les cieux, et de qui relèvent tous les empires, (...) etc. » (CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 320). Il chante, et la poésie coule à flots de ses lèvres (TOEPFFER, Nouv. genev., 1839, p. 86).♦ Être sur toutes les lèvres. Être prononcé, exprimé par tout le monde. Paris (...), la mystérieuse et l'ébouissante, dont le nom est sur toutes les lèvres (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 232). Pluche, en ricanant, posa la question qui était sur toutes les lèvres : — Et la nuit de noces? (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 182).) [Le suj. désigne un affect, un élément de situation]
♦ Arrêter, retenir (ou un verbe appartenant au même parad.) sur les lèvres. Empêcher que l'on ne prononce, n'exprime. À mon avis le devoir professionnel, loin d'arrêter la parole sur ses lèvres, devait l'inciter à révéler publiquement les protestations de sa conscience (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 46). J'irai à Gap, l'automne prochain, étudier pour être... Une pudeur singulière retint le mot sur ses lèvres (BERNANOS, Crime, 1935, p. 758).c) Loc. adv.— Du bout des lèvres) Avec réticence. Il répondait du bout des lèvres; notre lassitude commune ne nous rapprochait pas (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 321). Le don que Karl me reconnaissait du bout des lèvres, jugeant maladroit de le dénier tout à fait (SARTRE, Mots, 1964, p. 137).
) En marquant, dans son énonciation, de la distance. Il chantait du bout des lèvres, avec affectation, un air des Cloches de Corneville (...). La complaisante affectation de sa voix mièvre m'exaspérait (GIDE, Si le grain, 1924, p. 417). Le peuple (à prononcer du bout des lèvres comme « peu » ou même comme « peuh! »), le peuple, cela se considère comme l'entomologiste étudie la termitière (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 113).
) Rare. À la légère. — Mais alors, monsieur l'abbé, quelle consolation nous reste-t-il? — Je me le suis parfois demandé, mon enfant... Ceci pour vous prouver que je ne vous parle pas du bout des lèvres... Notre consolation, c'est de penser que le Christ déteste sûrement la guerre autant que nous (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1938, p. 266).
— Des lèvres. Sans sincérité. Pour prier, non des lèvres seulement, mais du fond de mon cœur, je dois faire un effort (COPPÉE, Bonne souffr., 1898, p. 99). V. Chérir ex. 2.— Entre ses lèvres. À voix basse, à part soi. Quasi-synon. dans sa barbe. Elle rencontra une femme qui se retourna en la voyant passer, (...) marmottant entre ses lèvres : « Mais où peut donc aller cet enfant? Est-ce que c'est un enfant-garou? » (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 466).3. Littér. [Les lèvres en tant que siège de sensations érotiques, gustatives] On se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête (RIMBAUD, Poés., 1871, p. 71). Le brouet qui froidit sera fade à tes lèvres (APOLL., Alcools, 1913, p. 92).C. — [P. anal. de forme]1. ARCHIT. ,,Rebord de la campane qui forme les chapiteaux corinthiens ou composites`` (NOËL 1968). Certaines corbeilles ont une lèvre (...), c'est-à-dire une moulure supérieure qui imite le bord d'un vase (Archit. 1972, p. 116).2. BOT. Lobe de la corolle ou du calice d'une plante labiée. Le lobe ou lèvre supérieure présente habituellement [dans une corolle labiée] deux dentelures qui indiquent deux pétales, mais l'inférieure en montre trois (PRIVAT-FOC. 1870, p. 591).3. GÉOL. Bord d'une faille. Synon. paroi. Une brèche profonde, aux lèvres à pic, entaillant la montagne jusqu'au cœur (GENEVOIX, E. Charlebois, 1944, p. 68). Une faille est dite normale (...) lorsque, par gravité la lèvre inférieure a descendu le pendage; elle est dite inverse lorsque par poussée la lèvre supérieure a remonté le pendage (MÉTRO 1975, p. 125).4. MUS., au plur. Parties opposées de l'ouverture d'un tuyau à bouche dans l'orgue (d'apr. Mus. 1976). [Les lèvres sont les] parties opposées de l'ouverture d'un tuyau à bouche, dans l'orgue; celle qui est disposée en forme de biseau est appelée L [èvre] supérieure (BRENET, Dict. prat. et hist. mus., 1926, p. 223).5. POT. Rebord d'un vase. L'ouvrage ressemble à certains pots préhistoriques, à panse ronde, à grosses lèvres autour de l'embouchure (COUPIN, Animaux de nos pays, 1909, p. 244).7. TECHNOL. Partie mince de la jointure d'une pièce. Lèvre d'un joint d'étanchéité. Quelle que soit la distribution des rivets et leur nombre, ils ne doivent pas être trop rapprochés des lèvres des pièces à réunir (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 1, 1892, p. 82).Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 2e moitié Xe s. plur. lawras (Saint-Léger, éd. J. Linskill, 157); fin XIe s.-début XIIe s. plur. levres (Fragment d'un poème dévot, 25 ds BARTSCH Chrestomathie, 1908, p. 46); 2. spéc. a) 1314 « bords d'une plaie, d'une blessure » (Chirurgie Henri de Mondeville, 831 ds T.-L.); b) 1636 mus. (MERSENNE, Harmonie universelle, p. 358); c) 1680 anat. (RICH. : les lévres des parties naturelles de la femme [d'apr. DEGORI, Dict. des mots de méd.]); d) 1692 archit. « rebord de la campane des chapiteaux corinthiens ou composites » (H. LEMONNIER, Procès-verbaux de l'Ac. royale d'archit., t. 2, pp. 248 et 351); e) 1694 bot. « lobe de la corolle des plantes labiées » (TOURNEFORT, Éléments de bot. ds FEW t. 5, p. 108a); f) 1752 zool. « bords d'une coquille » (Trév. Suppl.); g) 1834 « bord d'une fissure, d'une faille » (BALZAC, Langeais, p. 345); 1877 géol. (FABRE ds C.R. de l'Ac. des Sc., t. 84, p. 567); h) 1840 « bords d'un vase antique » (Ac. Compl. 1842). Du lat. pop. labra, plur. neutre pris comme fém. sing. du lat. labrum « lèvre; bord » (L'emploi naturellement fréquent du plur. labra a abouti à la substitution de cette forme comme sing. à la place de labrum. Cf. FEW t. 5, p. 108). Fréq. abs. littér. : 10 995 Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 12 363, b) 20 028; XXe s. : a) 18 984, b) 14 060. Bbg. LENOBLE-PINSON (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p. 208, 350.
lèvre [lɛvʀ] n. f.ÉTYM. V. 1100; lawras, sens I, 2, fin Xe; lat. labra, plur. neutre de labrum, pris pour un féminin.❖———1 (Fin XIIIe). Anat. et cour. Chacune des régions qui bordent la bouche de l'homme, intérieurement et extérieurement, limitées en haut par le nez (lèvre supérieure), en bas par le sillon mentonnier (lèvre inférieure). || Lèvre supérieure haute, courte. || Duvet (cit. 5) des lèvres. || Muscles des lèvres : orbiculaire, buccinateurs, élévateurs, canin, risorius, zygomatiques, triangulaire… || Angle des lèvres. ⇒ Commissure. || Malformations des lèvres (→ Bec-de-lièvre). || Cancroïde des lèvres. || Le bord ou ourlet des lèvres (sens le plus courant).1 (…) il y en a (des Nègres) qui se font percer la lèvre supérieure ou les narines pour y suspendre de pareils ornements (…)Buffon, Hist. nat. de l'homme, Variétés espèce humaine.2 (…) Chéri regardait le grand nez de sa compagne, la lèvre grisonnante et poilue, les petits yeux paysans (…)Colette, la Fin de Chéri, p. 49.3 Un (…) portrait de Ricard fait admirer de beaux yeux profonds, un grain de beauté sur la lèvre (de Mme Sabatier).Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 386.2 Cour. Chacune des deux parties charnues qui bordent extérieurement la bouche et s'amincissent pour se joindre aux commissures. || Les lèvres. ⇒ Bouche (1.). || Lèvres charnues, épaisses (cit. 5). || Lèvre inférieure proéminente. ⇒ Lippe; lippu. || Lèvres pendantes. || Lèvres fines, minces (→ Avaler, cit. 9), rentrées; (par exagér.) visage sans lèvres (→ Fente, cit. 1). — Lèvres bien dessinées (→ Dent, cit. 6), arquées, ourlées… || Contour des lèvres. || Angle, coin (cit. 10), commissure (cit. 1) des lèvres. || Lèvres roses, rouges, vermeilles. (Poét. et vx). || Lèvres de corail, de carmin, de rose (→ Fleur, cit. 19). — Lèvres pâles. || Des lèvres fardées (cit. 9), peintes (→ Fard, cit. 3). — Crème, cérat pour les lèvres. || Pommades pour les lèvres gercées. || Rouge à lèvres. ⇒ Rouge. — Lèvres sèches, desséchées, calleuses (cit. 1), gercées, coupées, fendues. || Lèvres humides, brillantes, fraîches, appétissantes (cit. 3), sensuelles, ardentes, brûlantes, fiévreuses.4 (…) ce contour des lèvres un peu trop grosses et susceptibles d'exprimer la passion la plus ardente, et qui faisait un étrange contraste avec le contour tout idéal du nez (…)Stendhal, Romans et nouvelles, Féder, VII.5 (…) sa bouche, très fraîche, avait cette lèvre inférieure des princesses d'Autriche, un peu avancée et fendue légèrement en forme de cerise, que l'on peut remarquer encore dans tous les portraits de cette époque.A. de Vigny, Cinq-Mars, XVII.6 (…) les deux angles de sa bouche inégalement relevés et la lèvre supérieure plus grosse que la lèvre inférieure lui donnaient quelque chose de bourru et d'impérieux.Hugo, les Misérables, I, II, II.7 (…) ses lèvres peintes, rouges comme une plaie, lui donnaient quelque chose de bestial, d'ardent, d'outré, mais qui allumait le désir cependant.Maupassant, Bel-Ami, I, I.8 (…) ce terrible espace entre le nez et la lèvre, presque toujours trop long ou trop court, sans grâce, sans jeunesse, souvent trop duveté.Alain, Propos, 2 sept. 1913, L'anneau dans le nez.♦ Mouvement des lèvres. || Avoir le sourire aux lèvres, un sourire sur les lèvres (→ Cruel, cit. 25; enjouement, cit. 8). — Au sing. (collectif). || « Sa lèvre éclate en rires sous les branches » (→ Faune, cit. 3, Rimbaud). — Lèvres entrouvertes (cit. 7), mi-closes. || Avancer, serrer, pincer les lèvres. || Mouiller, humecter (cit. 3) ses lèvres. || Froncement (cit. 2) de lèvres. || Lèvres contractées. || Lèvres tremblantes de peur, de colère. || Avoir l'écume, la bave aux lèvres. (1580). || Se mordre les lèvres de dépit, de colère, de rage, pour s'empêcher de rire. ☑ Fig. S'en mordre les lèvres : se repentir de ce qu'on a dit ou fait. — Expression de dégoût, de dédain des lèvres (→ Fier, cit. 4; insolence, cit. 8). — Au sing. || Lèvre dédaigneuse, ironique, maussade, boudeuse. || Lèvre candide (cit. 3, Lamartine).9 Quand Javert riait, ce qui était rare et terrible, ses lèvres minces s'écartaient et laissaient voir non seulement ses dents, mais ses gencives (…)Hugo, les Misérables, I, V, V.10 (…) alors nous vous avons bien bêché, en nous mordant les lèvres pour ne pas rire (…)Loti, les Désenchantées, IV, XXVI.11 Sombres, l'envie au foie et l'ironie aux lèvres (…)Albert Samain, Symphonie héroïque, Évocations, « Idéal ».12 Elle lui donne le bout de sa main droite, en détournant la tête, et en pinçant les lèvres pour ne pas rire.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XII, p. 129.13 Aussitôt, il se mordit les lèvres. D'avoir pensé cela le bouleversait plus encore que de l'avoir dit.Martin du Gard, les Thibault, t. IV, p. 207.♦ Tenir une fleur, un cigare entre ses lèvres. || Avoir la cigarette aux lèvres. || Porter à ses lèvres (pour boire, manger) un fruit (cit. 8), un verre, une coupe (cit. 1). || Tremper ses lèvres (→ Gourmandise, cit. 8), tremper le bord, le bout des lèvres (dans une boisson, une tasse…). ☑ Manger du bout des lèvres, sans appétit, avec dégoût. ⇒ Bout. || Se lécher les lèvres. ⇒ Babine, badigoince. ☑ Prov. Il y a loin de la coupe aux lèvres. ⇒ Coupe. — ☑ (1808). Fig. Avoir le cœur au bord des lèvres, sur les lèvres : avoir des nausées.14 Mais ses lèvres à peine en ont touché les bords (de la coupe…)Racine, Britannicus, V, 5.15 (…) Chrysis (…) prit la coupe, et lentement la porta à sa bouche. Elle y trempa les lèvres.Pierre Louÿs, Aphrodite, V, II.16 (…) les femmes maquillées (…) la cigarette aux lèvres, avec leurs robes drapées (…)Aragon, les Beaux Quartiers, II, VII.♦ ☑ Loc. fig. Avoir l'âme sur les lèvres : rendre le dernier soupir (→ Errant, cit. 6).♦ Les lèvres et le baiser (cit. 10, 11, 13, 21 et 22). || Il effleura de ses lèvres le bout des doigts gantés (→ Avancer, cit. 3). || Poser, appuyer, coller ses lèvres sur qqch. (→ Crucifix, cit. 2). || Se baiser (cit. 16) les lèvres. || Embrasser sur les lèvres, à pleines lèvres (→ Goulûment, cit. 3). || Tendre, dérober ses lèvres (→ aussi Embrasser, cit. 13; enivrer, cit. 19). — || « Les lèvres de l'étrangère distillent le miel » (Bible). → Absinthe, cit. 1.17 Aucun animal, hors toi, ne connaît les embrassements; tout ton corps est sensible; tes lèvres surtout jouissent d'une volupté que rien ne lasse; et ce plaisir n'appartient qu'à ton espèce (…)Voltaire, Dict. philosophique, Amour.18 (…) je posai lentement mes lèvres sur ses grands yeux fâchés qu'elle fermait, avec ennui, sous mes baisers, sur ses joues claires, sur ses lèvres charnues qu'elle détournait.Maupassant, les Sœurs Rondoli, II.19 (…) je sentis mes lèvres contre les siennes (…)R. Radiguet, le Diable au corps, p. 60.20 (…) les lèvres qui me baisent, douces, fraîches (…)Colette, la Vagabonde, p. 138.♦ (Dans le contexte de la parole; le plus souvent dans des expressions). || Remuer les lèvres; mouvement des lèvres. || Sons articulés avec les lèvres. ⇒ Labial (cit. 2); apico-labial. || Balbutiement (cit. 2) des lèvres. || Mots qui coulent des lèvres (→ Ambroisie, cit. 4; gâterie, cit. 2). — ☑ Loc. (1690). Mot qu'on a sur les lèvres, ou (1635), sur le bord des lèvres, qu'on est prêt à prononcer. — ☑ Mot qui vient aux lèvres, que l'on s'apprête à prononcer. ☑ Mot qui ne passe pas les lèvres, qu'on ne peut se résoudre à prononcer. || Parole qui expire (cit. 7) sur les lèvres. — ☑ (1804; à la lèvre, Diderot, → cit. 21). Fig. Être pendu (cit. 12), suspendu aux lèvres de qqn, l'écouter avec une grande attention. — « Qu'importe de quoi parlent les lèvres… » (→ Expirer, cit. 7, Musset). ☑ Adorer, honorer (cit. 6) qqn des lèvres, en paroles seulement. || Il le dit des lèvres, mais le cœur n'y est pas. — ☑ Avoir le cœur sur les lèvres : dire toute sa pensée, être franc. — Arrêter (cit. 64), clouer une phrase sur les lèvres de qqn. — Lèvres serrées, scellées, qui gardent un silence obstiné (→ Arracher, cit. 38). ☑ Ne pas desserrer les lèvres : garder le silence (→ Ne pas desserrer les dents, ne pas ouvrir la bouche). — ☑ (Av. 1648). Rire, parler, répondre, approuver du bout (cit. 7 et 9) des lèvres.21 (…) Rester suspendu à sa lèvre, attendre son ordre et partir comme un éclair.Diderot, le Neveu de Rameau, Œuvres, p. 459.22 Aucun son ne s'échappa de ses lèvres (…)Baudelaire, Trad. E. Poe, Histoires extraordinaires, « Metzengerstein ».23 Elle n'avait pas rouvert les yeux, pas desserré les lèvres.Zola, la Terre, V, IV.24 Érôs fait crier sur vos lèvres, ô femmes !Le Désir douloureux et doux.Pierre Louÿs, Aphrodite, I, II.25 (…) le saint mot de service (…) leur venait aux lèvres (…)André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », VI.26 Le vers de Racine coulait de ses lèvres comme un cri d'amoureuse dans la nuit, un cri terminé en longue plainte, puis en râle.Léon Daudet, la Femme et l'Amour, VI.27 Il est intéressant de noter, dans les conversations que nous avons avec nos proches, les mots qui reviennent le plus souvent sur leurs lèvres et qui, si nous les examinons avec soin, dénoncent toujours un tour d'esprit que nous avons avantage à connaître.G. Duhamel, Discours aux nuages, I.28 Puis il s'agenouilla, mais les mots s'arrêtaient sur ses lèvres (…)F. Mauriac, la Pharisienne, p. 215.3 1690. (En parlant des animaux et surtout des grands mammifères). || Lèvres du cheval, du bœuf, du chien (⇒ Babine). — Lèvres de certains poissons. → 1. Labre.29 Le petit ours (…) pleurait tout bas parce qu'une courroie très fine bouclée autour de son museau, lui coupait presque la lèvre.Colette, la Paix chez les bêtes, « Lola ».30 Ils les allongaient (les carpes) dans des caisses de bois (…) trois ou quatre d'entre elles en garnissaient le large fond; elles restaient là, le corps inerte, clappant de leurs grosses lèvres rondes, bourrelets de peau blanche et charnue (…)M. Genevoix, Raboliot, I, I.♦ Zool. Chez les Invertébrés, Chacune des pièces buccales du dessus et du dessous de la bouche. ⇒ Labre.———II Par anal. de forme.1 (1314). Au plur. Bords saillants (d'une plaie). || Rapprocher les lèvres d'une plaie.2 (1680). Repli charnu de la vulve. || Grandes lèvres (→ Con, cit. 3, Hardellet). || Petites lèvres. ⇒ Nymphe (II.).31 Les grandes lèvres sont deux bourrelets cutanéo-graisseux limitant la fente vulvaire. Elles s'étendent du mont de Vénus au périnée (…) un sillon profond, le sillon interlabial, sépare l'une de l'autre la grande et la petite lèvre.A. Binet, les Régions génitales de la femme, p. 67.4 (1752). || Lèvres d'un coquillage : les deux bords d'une coquille (cit. 3) univalve.5 (1893). Mus. Chacun des bords aplatis à la bouche d'un tuyau d'orgue.6 (1834, Balzac; comme t. de géol.; 1877). Géogr. Chacun des bords d'une faille, situés à des hauteurs différentes. || Lèvre soulevée, lèvre abaissée (→ Friction, cit. 4).8 Partie, élément extrême (de pièces à joindre, ou jointes). || Les lèvres d'un joint. || Joints à lèvre frontale.❖COMP. Balèvre.
Encyclopédie Universelle. 2012.